Jean-Antoine Bigot & Anne Le batard
Fondée en 1994, la compagnie Ex Nihilo fait le choix, depuis maintenant 20 ans, de travailler à l’extérieur : ce n’est pas un simple glissement du lieu de l’art – il ne s’agit pas de glisser/déposer à l’extérieur une forme créée à l’intérieur – mais de faire tout à la fois l’expérience d’une rencontre avec un espace, urbain ou naturel, et d’une relation à l’autre, passant, habitant ou spectateur.
C’est alors d’un double déplacement dont il est question ici et tout d’abord, celui de la danse – c’est le mouvement comme « prise d’espace » au milieu du mouvement de la ville et dans l’immensité de l’espace, de la recherche à la représentation et au travers d’une présence soutenue, régulière. Et ensuite, nécessairement, un déplacement des séparations dans la répartition de l’espace et des places de chacun : un partage des territoires de l’art qui ouvre une adresse à un large public.
Enfin, donner à voir la danse dans des lieux inhabituels, c’est aussi donner à voir ces lieux par la poésie même du geste, c’est donc également une expérience du regard.
L’aventure Ex Nihilo demeure fortement liée à la Maison pour la danse depuis son ouverture. Deux créations enrichissent la fidèle collaboration, deux pierres blanches que KLAP coproduit et produit hors-les-murs. Au Théâtre du Merlan, la compagnie exploratrice des extérieurs citadins crée un opus de conquête de l’espace scénique intérieur. Cette facette encore neuve du questionnement d’artistes catégorisés « danse en rue » relève le pari de naître sous le regard pluriel de programmateurs européens.
La compagnie Ex Nihilo saisit ensuite une centaine d’amateurs dans ce savoir-faire singulier hérité de vingt ans d’aventures urbaines dansées. Dès septembre, la flopée de jeunes danseurs et non-danseurs prépare son invasion de site pour le retour du printemps.
Anne LE BATARD Se forme à la danse dans sa ville natale, Marseille. Poursuit sa formation auprès de Jackie Taffanel, Myriam Berns, Frey Faust, Gérard Gourdot, Hubert Godart et Hervé Diasnas, dont elle suit l’enseignement sur toute la France. Elle s’en inspire pour développer sa propre pratique et les fondements de la technique spécifique de la danse d’Ex Nihilo, qu’elle crée en 1994. Parallèlement, interprète dans la compagnie Karin Vyncke à Bruxelles. Revient à Marseille pour L est Là de Georges Appaix – Cie La Liseuse. Privilégie les pièces de groupe et le rapport à la musique live et développe une écriture axée sur l’écoute et la réactivité à partir de longues périodes d’immersion in situ. Son approche de la danse est liée à sa pratique de l’image : elle filme et monte les images qu’elle utilise dans plusieurs spectacles de la compagnie. Collabore régulièrement avec d’autres gens d’images. Reconnue pour son travail, elle est régulièrement sollicitée pour enseigner et transmettre à un large public le répertoire et la technique de la compagnie en France et à l’étranger : aux professionnels danseurs, comédiens, circassiens et aux scolaires, lycéens et étudiants à travers des stages et des trainings qui mettent l’accent sur la présence, la densité et l’interprétation, la physicalité dans la danse, la relation et la réactivité à l’autre et au groupe.
Jean-Antoine BIGOT Découvre la danse durant ses études à l’UFRAPS Paris V. Poursuit sa formation auprès de Pierre Doussaint, Hervé Diasnas, Catherine Diverrès, Thierry Baë, Bernardo Montet, Jean Gaudin, Roc in Lichen, Claude Brumachon et Jacques Patarozzi. Crée en 1991 son premier solo Le vide, sélectionné à la Biennale du Val de Marne. Poursuit une carrière d’interprète avec Pierre Doussaint, Roc in Lichen, Richard Mouradian, Karin Vyncke de 1994 à 1998, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux de 1992 à 1994 puis de 1998 à 2002. En 2000, il est assistant à la mise en scène dans le spectacle Vita Nova, création de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux pour les élèves de l’école du CNAC de Châlons-en-Champagne. En 1997, il rejoint Ex Nihilo, qu’il codirige depuis 2000. Son parcours de danseur-chorégraphe a toujours été associé à la peinture. C’est avec la matière des éléments qu’il aime travailler et en grand format, pour une façon plus agressive d’« attaquer » la peinture. Son travail est régulièrement exposé. Son goût pour le détournement et la manipulation d’objets l’amène également à scénographier les espaces de jeu.