Jeremy Demesmaeker & Laurence Maillot
Notre terrain de recherche se situe dans le questionnement de notre société contemporaine, actuelle, et du rapport que nous entretenons avec elle à la fois en tant qu'artistes et citoyen. Nous explorons des états de corps ymptomatiques de notre société, ces états de corps qui participent à une certaine "déshumanisation ordinaire".
De ce postulat, la cie DODESCADEN se situe dans une forme hybride à la frontière entre danse et théâtre, et n'hésite pas à convoquer d'autres médiums artistiques (musique/ espace sonore, arts plastiques), et s'entoure d'autres partenaires de reflexion (philosophe, sociologue...) pour essayer toujours de réquestionner, renourrir le processus de création, sa forme artistique, nos habitudes et certitudes intelectuelles...
Il s'agit pour nous de réintroduire une poétique propre à la fois au corps et aux idées, c'est à dire faire une mise en abîme à la fois de ce qui nous touche directement aujourd’hui et également les thématiques très concrètes choisies pour la création ; c'est se placer en quelque sorte comme témoin et acteur, poser un regard et prendre position, tenter de mettre une distance poétique dans la réflexion....
Notre processus de création nécessite plusieurs phases interragissant ensemble ou en parallèle : une phase "documentaire" sur la ou les thématiques choisies suivie d'une phase de réflexion, de débats, d'échanges, de point de vue avec les différentes collaborations (requestionner le propos, les idées avec notamment pour cette création philosophe et sociologue); une phase de recherche et d'expérimentation de matières dans ce qui fait "plateau"/"pièce" ou comment des "idées" créent ou deviennent matières ; et enfin une phase d'écriture et de création qui reprend lors d'une phase dite "d'entre 2", les matières recherchées et définit les directions artistiques, scénographiques, chorégraphiques à venir. L'espace chorégraphique permet cela selon nous : l'ouverture de tous les possibles, la possibilité de "l'accident" comme dit Bacon, un espace toujours neuf de réflexion, d'échanges, de combinaisons et surtout d'expérimentations...
Notre écriture chorégraphique se situe dans une logique de plateau. Gestuelle, corps, états ne trouvent leur justesse d'écriture qu'à partir du plateau et avec les interprètes. Le corps des interprètes danse parce qu'il est dans la bonne texture, dans le juste état, dans la bonne fluctuation, le bon appui, quand il trouve sa solution à partir des choix fondamentaux en rapport au propos, dans sa relation aux autres, mêlant organicité et imaginaire, où il s'invente sa danse, ses parcours, ses nouveaux modes sur le plateau.