En 1990, Dominique Bagouet exprime ainsi son intention : « J’ose enfin m’attaquer à cette Cantate BWV 26 de Jean-Sébastien Bach, enregistrée dans une version chère à mon cœur depuis longtemps. Guidé par le charme de ce grand tissu d’espace, porteur de lignes, de points et de contrepoints, j’ai inséré entre chaque mouvement des jeux sonores provenant de machines industrielles de bonneterie, ces rythmes et ces sons directement liés à mon enfance, à la petite entreprise textile familiale accolée à la maison. J’ai préparé des pages de trames précises de construction chorégraphique, au service d’un vocabulaire soucieux d’énergie et d’exploration, l’expression d’une énergie contraire à tout prix, qui s’opposerait au temps, ferait vibrer les sens, dirait la joie presque subversive de danser sans donner prise, le moins du monde au fatal. ».
La pièce testamentaire, So Schnell, renaît aujourd’hui sous l’impulsion de Catherine Legrand qui en actualise la forme pour privilégier la danse - acharnée, vive, têtue, inventive, joueuse, enragée, fluide, belle, tenace - et l’architecture de l’espace chorégraphique par les corps. Les costumes colorés et la scénographie pop d’origine ont cédé la place à une nouvelle sobriété et à une création lumières de Begoña Garcia Navas, qui souligne l’architecture du travail d’un artiste qui a influencé toute la scène contemporaine.
Par ce choix, elle rapproche de nous le geste d’un créateur essentiel disparu il y a très exactement 30 ans.