FESTIVAL DE CRÉATION
Distinguer les visions d’artistes, percevoir leurs intuitions, absorber
leurs lectures de notre monde pour en prendre le pouls par les oreilles
et par les yeux, neutraliser la crainte de ne pas comprendre ou de ne
pas aimer, oser la création…
Que la place soit celle du « regardeur » ou celle du « bougeur »,
l’aspiration à la danse passe par une mise en jeu intime. Le mouvement
anime - donne âme - autant seul qu’avec, autant dedans qu’autour et
que dehors. Il est une marque du vivant, un curseur de la pensée, le
lien pluri-sensoriel de la relation à l’autre.
Le premier temps saillant de la saison de KLAP passe par la découverte
de desseins chorégraphiques diversement avancés. Pour certains
créateurs, à l’issue de quelques jours seulement de rassemblement
artistique, il s’agit de formuler publiquement une première fois,
non sans fébrilité, un point d’enjeu, une focalisation, un processus
prémonitoire. D’autres, arrivés au point de délivrance, se confrontent
à l’impact de leur propos et recueillent le premier écho de ce qu’ils ont
projeté. Dans tous les cas, la mise en tension comme l’offrande passent
par les corps des artistes de scène. Ils cristallisent tout leur savoir pour
la circonstance, et s’enfantent inattendus, inconnus, nouveaux, inouïs.
L’éventail de la multitude s’ouvre. Question de genre, question de
style, question d’appartenance ou de forme, question grave légèrement
posée, question de l’air du temps ou du refus, question vitale…
Oui ! Question de danse.
Michel Kelemenis