« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » Ces premiers mots de L’Étranger forcent l’audace de Jean-Claude Gallotta en le reliant à sa propre histoire. La pensée de l’auteur qui exprime avec justesse le tiraillement entre "l'honnêteté humaniste" et les exigences du combat politique, inspire une danse libérée des rôles : en relisant l'Étranger, je me suis rendu compte du plaisir que j'avais à offrir une traduction physique aux mots d’Albert Camus. En scène, le danseur et le personnage semblent se croiser, ils se superposent l'espace d'un instant, font croire furtivement à une incarnation mais l'instant d'après, les cartes se rebattent. C'est un rapport proche de celui qu'entretiennent la danse et la musique, l'une et l'autre ont leur chemin propre, mais peuvent de temps en temps se confondre, ou s'ignorer.