"Reconnues dans la célèbre “Rhapsody in blue”, quelques notes deviennent un standard dont chaque musicien s’empare, proposant, mieux qu’une interprétation, une ré-invention.
Étrangement, malgré les années et la multitude de reprises, l’air de “The man I love” garde sa noblesse, en même temps qu’il est fredonné dans toutes les salles de bains. Il ne s’épuise pas. Les jazz-men en particulier le régénèrent avec une liberté et une vitalité n’ayant d’égales que celles qui ont présidé à sa composition.
Simultanément savante et populaire, la musique de George Gershwin vient nous rappeler le décloisonnement des genres si particulier aux américains, certainement à l’origine du phénomène des comédies musicales. Leur succès planétaire est porté par un besoin de légèreté délicieuse sans aucun doute associable au regain d’intérêt qu’on leur porte aujourd’hui.
Quand une époque durcit particulièrement les hommes, elle est propice à faire éclore des formes afin d’écarter ses propres fantômes, elle est propice à danser Gershwin dans un tête-à-tête avec comme unique devise : retrouver l’insouciance."
Michel Kelemenis
1er fév.1999
Kelemenis : profond et sensuel.
Le “dialogue” établi entre les interprètes est ingénieux et la relation entre les sexes se situe sur un terrain qui échappe au chevaleresque du film musical américain, sans pour autant prétendre toucher notre réalité quotidienne.
Ce duo pour “cravate et boa”, sur plusieurs versions de “The man I love”, de George Gershwin, se termine par un long baiser hollywoodien, qui conclut une danse pleine de contrastes dans le mouvement et de nuances émotionnelles.
La lecture de Kelemenis, sans être américaine, est profonde et sensuelle, apportant sur scène le climat de rêve et de poésie qui a tant séduit les publics du monde entier.
30 janv.1999
La relation amoureuse que Séverine Bauvais et Christophe Le Blay dansent dans “L’homme, la femme et George”, excellente chorégraphie de Michel Kelemenis, est moins ostensiblement triomphante et pour le coup moins illustrative. Plusieurs versions de “The man I love” de Gershwin, mais également quelques silences, accompagnent ce couple qui, au début, se tient à distance, jusqu’au rapprochement qui se concrétise par son désir à elle. C’est la femme qui commande l’action.
Elle retire ses chaussures rouges et, dans un beau moment chorégraphique, se lance dans un jeu de séduction déclenché par le mouvement des pieds. Un baiser, long, une “écharpe” rouge et une cravate sont les symboles, qui, dans cette danse dont le vocabulaire s’étend au-delà de ce qui est suggéré dans les chorégraphies du cinéma musical, ne nous font pas oublier que, finalement, c’est de comédie musicale qu’il s’agit.