La variante du normal
La pièce met en scène une répétition de danse dans les dernières minutes qui séparent les artistes de leur rencontre avec le public, et, à l’occasion, évoque le chemin que parcourt le chorégraphe en allers-retours fréquents, entre ce qui serait son inspiration d’une part, et de l’autre sa pratique de chaque jour.
La variante du normal soumet fermement le créateur au travail quotidien de sa réalisation plutôt qu’à son imaginaire comme on le suppose poétiquement.
L’œuvre s’échappe de l’obsession laborieuse.
1997 MK 13
La question, récurrente à travers les années, de la vanité de l’art, particulièrement en regard de la misère des sociétés, est le sujet de la pièce, mettant en scène une danse qui se moque d’elle-même, où 6 danseurs-clowns au sourire glacé s’épuisent à parfaire le suspense, la fuite angoissée vers ce qui devrait se passer.
Les relations animées de ces héros modernes suffisent à motiver des séquences où l’on s’émeut de choses simples, mais pas des actes barbares qu’ils suggèrent : 1997 MK 13 n’est pas tant un regard cynique porté sur la violence du monde que le constat des carapaces qu’individuellement nous nous édifions pour en souffrir le moins possible.
Radicalement séquencée par de brefs moments d’orchestre empruntés au compositeur polonais Wojciech Kilar connu pour ses musiques de films, la danse produit des mots et autres sons qui la rapprochent parfois du dessin animé, ou d’un film muet sonorisé postérieurement.
18 juil.1997
Humour et abstraction
La 1ère pièce simule une répétition très décontractée, où l’un des danseurs joue le personnage du chorégraphe. Il s’adresse aux 4 autres danseurs en les appelant par leur prénom. Mais la pièce n’est pas si simple que ça et les 5 artistes quittent la scène chaque fois que survient une autre danseuse, qui interprète un remarquable solo sur la célèbre Bachianas de Villa-Lobos. Bien que parfois un peu sévère, la pièce ne manque pas de séduction dans certains mouvements très purs, très simples.
La 2e partie se veut plus humoristique. Les gags sont amusants, tout comme les scènes de mime, où les 4 danseurs se passent un verre d’eau ou un pétard qui va exploser. Il y a aussi une scène très réussie de danse face à face créant un troublant effet de miroir. Les musiques sont superbes et les danseurs précis et disciplinés.
déc.1997
Un maître de l’esquisse
La variante du normal, la 1ère partie est une jolie pièce, pièce murmure où la danse se regarde au miroir dans ses incertitudes et ses tensions, dans son élan inquiet, vers la figure juste, comme une suite d’approches vers la perfection désirée toutes en recherches d’équilibres inattendus, rompus sitôt atteints, en pirouettes vertigineuses et légères.
La 2e partie, 1997 MK 13, témoigne d’une volonté de s’exercer à l’humour sur les traces de Tom et Jerry, de cinéma d’animation plutôt que de bande dessinée : qui poursuit qui dans la danse où chacun est à la fois chat et souris ? Humour mélancolique et désenchanté, car n’éludant pas la gaucherie délibérée. Au-delà des certitudes faciles, Kelemenis se pose comme le chorégraphe de l’essai, plus attentif à l’émotion de l’instant qu’à la stabilité des ensembles, au trait fugitif, qu’à la couleur qui demeure.