Chère Amour — Kelemenis & cie
Chère Amour © Laurent Lafolie

Chère Amour

1996

Durée : 1h10

Michel Kelemenis

Kelemenis & cie

"Une maison se visite, dans laquelle, fantomatique, apparaît la femme, un peu comme si les murs transpiraient un souvenir lointain, ou le parfum encore frais de son dernier passage.
De l’état très humain d’un individu en quête de l’autre et de lui-même, à celui plus distant de danseur incarnant plus qu’il n’évoque les passions de l’être, ce sont cinq corps pour un seul homme qui écrivent une correspondance teintée d’amour quotidien. Puisant son origine dans l’absence, la lettre est par nature introspective, parfois tourmentée, souvent en quête d’élévation et toujours tendre. Son émanation dansée traduit l’écho de scènes vécues et s’achève, comme la dernière page d’un journal intime, dans la sérénité d’une solitude apaisée."

Michel Kelemenis

Distribution

Chorégraphie - Michel Kelemenis
Danseurs - Arnaud Cabias, Michel Kelemenis, Frédéric Leprévost, Pascal Montrouge, 
Bertrand Lombard
Musique - Cécilia Bartoli chante Scarlatti, Caldera, Caccini, Vivaldi / Cathy Berberian chante Monteverdi / The Swingle Singers chantent Mozart
Son - André Serré et Frédéric Viricel
Photos - Peter Bromley avec la présence de Laurence Levasseur
Décors - Michel Kelemenis, avec la collaboration de Christine Le Moigne
Costumes - Christian Burle
Chaussures - Patrick Valdivia
Lumière - Philippe Grosperrin
Textes - Michel Kelemenis dits par Frédéric Leprévost

Production

Kelemenis & cie 
Théâtre du Merlan - scène nationale de Marseille, Maison de la danse de Lyon

Avec le concours de la région PACA

En savoir +

Libération Marie-Christine Vernay

fév.1996

La lettre affranchie de Kelemenis
Ils sont 5 danseurs pour des échappées belles solitaires, des solos qui ne jouent pas sur la performance individuelle ou sur le spectaculaire mais qui se lisent comme des notes personnelles griffonnées à la mine de plomb, dans la nuit des cigales, en attendant l’orage. Ils sont 5 danseurs pour un quintette troublant qui rappelle que le corps du danseur est traversé par un courant tout autant masculin que féminin. (…) On se situe dans un univers de l’écriture, donc de la fiction où l’intime n’a pas renoncé à se dire. Mais c’est une pièce qui réactive une idée de la danse selon laquelle elle est un langage à part entière qui ne se traduit pas, n’illustre pas autre chose qu’elle-même et propose sa propre grammaire, orthographe et syntaxe.
Surtout lorsqu’elle est portée, et c’est le cas, par des interprètes qui savent utiliser le vocabulaire, qu’il soit classique ou qu’il se nourrisse d’inventions personnelles.

Saisons de la danse Philippe Verrièle

avr.1996

La création de Kelemenis se reçoit comme une lettre, comme un fragment et rassemble tous les éléments qui constituent la vie. Le quintette d’hommes, avec ses fragilités rêveuses, ses processions gamines où chaque danseur, poings serrés devant le visage, sautille en avançant commun apprenti-danseur, se place clairement sous le registre de l’ambigüité sexuelle dès son titre et sa subtilité orthographique. La correspondance, dont la lecture rythme la pièce, entretient à dessein l’équivoque ; il est impossible de savoir avec certitude si l’interlocuteur est masculin ou féminin. Le chorégraphe se plait même à égarer le spectateur : les photos sur les panneaux roulants qui dessinent l’espace représentent une femme, lointaine, et d’autant plus troublante. C’est le vocabulaire chorégraphique qui est lui-même ambigu. Riche et volontiers sophistiquée, souvent virtuose, la danse est épurée dans de grands mouvements souvent ralentis à l’extrême, subissant des accélérations vigoureuses ; elle est burlesque, théâtralisée et presque naturaliste. Elle traduit parfaitement, dans sa structure même, l’impossibilité des certitudes.