"La relation entre le son direct et les sons ajoutés constitue l’objet même de mon attention."
Gilles Grand
"La scène sera divisée en plusieurs espaces définis par la présence des danseurs et des musiciens."
Michel Kelemenis
Pour avancer encore sur le terrain d’une relation déjà ancienne entre la musique et la danse, Gilles Grand et Michel Kelemenis créent un spectacle où la musique et la danse sont à parité.
Le fait de la présence des instrumentistes sur le plateau est le point de départ du travail scénique. Il s’accompagne aussi d’une complète modification du rôle du dispositif électroacoustique, qui doit alors acquérir une souplesse, une rapidité, une maniabilité, le plaçant à l’égal du musicien, afin que s’instaure un réel dialogue avec lui.
La composition comprend des duos, violoncelle et trombone, ainsi que des pièces "soli" pour chacun des instruments.
Les 7 danseurs font, à travers duos, trios, quatuors, exister en permanence au moins 2 espaces parallèles, accueillant chacun chorégraphie ou scène de repos. Le travail de la danse souhaite la rendre toujours plus fluide.
La composition de l’ensemble est extrêmement séquencée. Il s’agit toutefois, en usant d’une multitude de relations entre la danse et la musique, d’en gommer les aspérités, afin de laisser apparaître la déambulation de ces individus en attente de GRANDS SOIRS.
déc.1990
Le charme discret des "Grands soirs" de la bourgeoisie
Non sans une certaine dose d’élégance et de maligne moquerie, le spectacle met en scène une conception décalée des soirées mondaines. Kelemenis joue une fois de plus avec les codes, les pervertissant légèrement. Dans les costumes savoureusement saumonés, ses danseurs et lui, promis aux toasts d’un plateau chic provincial, se replient sur les tics du raffinement. Les danseuses en vert comme pour choquer les superstitions de la scène (le vert porte malheur) sont comme les arbres bruissant d’un jardin privé. De même, la musique de Gilles Grand qui s’ordonne autour de 2 musiciens live rougit, se fait timide, se planque derrière un bosquet et ne surgit réellement que lorsqu’elle est passablement éméchée. Le spectacle multiplie les propositions artistiques audacieuses, minimales : le fait qu’il ne tient pas en place, qu’il reconstruise son espace en fonction des situations, qu’il déplace musiciens et pupitres. La bande électro-acoustique de Gilles Grand joue avec les ambiances de concert classique ou de kiosque à musique, les amplifie et les casse par des vrombrissements de moteur ou se fait l’écho des musiciens. Ces "Grands soirs" sont légers et astucieux.