Besame mucho (Kiss me much) © John Hogg
Besame mucho (Kiss me much) © Angelique
Besame mucho (Kiss me much)
Besame mucho (Kiss me much)

Besame mucho (Kiss me much)

2009

Michel Kelemenis

Moving into dance Mophatong

"Il est, de mon point de vue, dans le cadre d’une rencontre de coopération, judicieux de partir d’un texte connu pour aller les uns vers les autres. Prendre comme point de départ la relecture/adaptation d’une œuvre existante, et se donner comme objectif d’amener les danseurs à croiser leur propre intériorité."
Michel Kelemenis


Avec cette nouvelle collaboration, suggérée par Laurent Clavel de l’IFAS - Institut Français d’Afrique du Sud - Michel Kelemenis découvre la génération suivante de danseurs autour de l’adaptation de Besame mucho, pièce créée en 2004 à l’occasion de la Biennale de la danse de Lyon. L’idée séduit autant Themba Nkabinde, directeur artistique de la compagnie, que Sylvia Glasser, fondatrice, tous 2 convaincus de l’importance pour les jeunes danseurs d’une rencontre avec un chorégraphe étranger. 
L’intervention pédagogique quotidienne fait place à l’apprentissage, l’adaptation et l’appropriation. Quelques moments sont réécrits pour s’approcher des qualités singulières de chacun. La danse, sollicitant l’intériorité de chacun, se teinte des accents gestuels de corps formés différemment à l’art du mouvement.

Distribution

Conception générale et chorégraphie - Michel Kelemenis 
Danseurs - Tsogo Tshephe, Thembekile Setiabi, Faith Maseko, Muzi Shili, Fana Tshabalala, Itumeleng Hlapane 
Michel Kelemenis est assisté par Caroline Blanc, avec laquelle il interprète le duo Viiiiite en ouverture des 2 représentations. 
Musiques - Consuelo Velasquez, 12 versions de Besame mucho orchestrées par Jean-Jacques Palix 
Costumes - Agatha Ruiz de la Prada réalisés par Véronica Sham
Lumière - Gilles Bottacchi adaptée par Alexandre Martre

Production

Kelemenis & cie, Moving into dance Mophatong, FNB Dance Umbrella, IFAS, Agatha Ruiz de la Prada

En savoir +

STAR TONIGHT Adrienne Sichel

17 mars.2009

Kelemenis’s sheer poetry in (e)motion
FNB Dance Umbrella
Viiiiite and Besame mucho
Director : Michel Kelemenis

For the past decade French choreographer Michel Kelemenis has had an enduring relationship with South African dance, mainly through his connection to Moving into Dance Mophatong (MIDM).
Based in Marseilles, Kelemenis refuses to become part of the now fashionable non-dance movement in France.
His newly crafted duet, Viiiiite, created on himself and Kelemenis and Cie dancer, Caroline Blanc, is performed in the illumination of a revolving police light. To an edgy score the dancers dice with real physical time versus the ephemeral nature of movement. The liminal and subliminal merge in a chain of eclipses as two exquisitely lithe dancers surge through a twilight zone of existence - yet never touching , anticipating proximity. Two bodies, of different generations, are caught in a physical and intellectual web constructed from shifting perspectives and depths of field. Sheer poetry in evanescent (e)motion.
Kelemenis’s reworking of his Besame mucho (Kiss me much), premiered by his company in 2004, is a bit of a teaser. While it breaks the MIDM Afro-fusion mould, and challenges the dancers to find a different way of moving and thinking, the transposition isn’t always seamless.
There are still traces of cultural and aesthetic imposition, and some now very familiar vocabulary. But when the dancer takes ownership, as Fana Tshabalala, Thembi Setiabi, Muzi shili, and Itumeleng Hlapane do, the work rings true.
The message that too many sexual partners can turn lipsticked kisses into lesions is a pertinent and chilling one.
The re-arranged collage of music, sourced from various versions of the popular, song Besame mucho, drives the structure of this quirky piece, which flirts with burlesque. To totally own the concept and choreography the dancers have to be comfortable with their own sensitivity, sexuality and heightened technical sensibilities.

Textes complémentaires

Enjeux d’une coopération

Les danseurs rencontrés par Michel Kelemenis entre 1994 et 2000 à Moving into dance Mophatong en sont aujourd’hui devenus les animateurs. Le chorégraphe marseillais revient à Johannesburg transmettre à la nouvelle génération de danseurs son œuvre récente Besame mucho. Le jeu, adapter son écriture à d’autres corps ; l’enjeu, ouvrir en chacun une voie vers l’intériorité. 

" Je ne suis pas un idéaliste. Bien que profondément amoureux de la danse, l’idée communément acquise de son universalité est un embarras qui me la fait regarder avec précaution et distance. Danseur pragmatique, je décide dès les premières heures de mon métier de me consacrer à analyser le mouvement. Cette analyse est rapidement bordée par la certitude que mon corps sera marqué jusqu’à sa fin par ce que le métier lui infligera. L’évidence – pour éviter une arthrose précoce- de devoir développer une approche organique de la danse inspire une observation patiente des modalités du mouvement, dont la liste (non dressée) s’assimile rapidement aux éléments de syntaxe d’une écriture ou d’un langage. 

Toutefois, cette élaboration s’effectuant en parallèle des créations de spectacles, les notions de langage et de style se confondent longtemps dans un brouillard d’énergie et d’invention. C’est en 1999, par la convergence de 2 projets menés au Japon et en Afrique du Sud, que la précipitation –au sens chimique- advient. Tout commence avec le désir de danser, Takeshi Yazaki, Vincent Sekwati Koko Mantsoe et moi-même, non pas à côté l’un de l’autre, mais ensemble. Les fondements culturels des 2 chorégraphes étant aussi éloignés que les miens des leurs, chacun se prédit ridicule dans la danse des autres. Il faut alors inventer ce que chacun saisira avec plénitude, une même danse qui offrira aux spectateurs de témoigner, au-delà des couleurs de peau, de la profondeur des différences, à la source de chaque geste. L’aventure de Traduction simultanée établit définitivement la césure entre langue et style. 
Aller vers des danseurs d’horizons divers est intensément ludique et instructif. J’aborde maintenant les rencontres avec la certitude que les appropriations et les accents imprimés à ma danse lui donnent épaisseur et noblesse, sans qu’elle ne s’efface, jamais. Au terme, il s’agit bien d’un langage, dont la définition par l‘organicité offre de s’adresser aux intelligences et aux habiletés, et pas uniquement aux savoir-faire. À cet endroit, l’hypothèse d’une universalité de la danse devient viable. Le style n’est plus qu’affaire de revendication territoriale. 

Reste un point précieux de l’échange : la présence à l’instant scénique. Ce que nous appelons intériorité est à mes yeux le gage du regard porté par le danseur sur le texte qu’il défend, qu’il en est interprète et pas uniquement vecteur. Cette présence n’a ni besoin de théâtralité, ni d’une expressivité écarquillée qui détourne le spectateur de la danse elle-même. Danser, oui ! Mais porter le peu, habiter le rien, sont certainement, sous un habit ludique, l’enjeu le plus profond de notre collaboration. 

Retrouvant MIDM autour de l’adaptation de Besame mucho (Kiss me much) aussitôt après avoir quitté les danseurs de ma compagnie, je me prends à rêver d’une soirée exceptionnelle où les deux interprétations seraient données, tellement similaires, tellement autres. Serait alors montré ce que je vois du chemin que nous faisons les uns vers les autres, sur un socle de curiosité et de respect, lorsque la chance en est donnée… Et grâce à laquelle j’ai tant appris. La seule revendication sur laquelle s’arquer en fin de compte, est celle de rencontrer : gageons qu’en marge des enjeux économiques et de pouvoir qui occupent le terrain de la diffusion artistique, persistera toujours la sous-tension indispensable d’une rencontre de l’humain par l’homme."
Michel Kelemenis Janvier 2009


Historique : Kelemenis et l’Afrique du Sud

1994 
L’IFAS nouvellement créé confie à Michel Kelemenis une mission d’observation de la danse à Johannesburg et Cape town. Premier contact avec MIDM.

1995 
Présentation du programme Clins de lune, par Kelemenis & cie, à Jo’burg et Cape town.

1997 
Kelemenis invite MIDM à danser lors du gala des 10 ans de sa compagnie à Marseille.

1998
Présentation de Tout un monde lointain par le Ballet du Grand Théâtre de Genève, à Pretoria et Cape town.

1999 
Création à Kyoto, Japon, du trio Traduction simultanée avec Vincent Sekwati Koko Mantsoe et Takeshi Yazaki.

2000 
Présentation de Traduction simultanée à FNB Dance Umbrella.

2008 
Michel Kelemenis est invité par l’IFAS à découvrir la nouvelle génération de danseurs de MIDM. 

9 & 10 mars 2009 Création de Besame mucho (Kiss me much), FNB Dance Umbrella