Aléa intègre dès sa conception l’hypothèse de corps différents, différemment engagés dans la danse comme dans l’existence.
C’est originellement un quatuor, créé en 2005 lors de Danse à Aix, pour relever le défi de la rencontre Talents-danse articulée sous forme de concours par l’Adami. 3 chorégraphes créent chacun une pièce de 20 minutes pour 4 lauréats de formations différentes (théâtre, danse, cirque). Kelemenis les met en scène dans la malice d’une circulation tressée.
La pièce est adaptée en 2006 pour 7 danseurs du CNSMD de Lyon. La danse s’étoffe et le nombre accru de danseurs multiplie la dynamique de l’écriture.
Elle est transmise en 2007 aux danseurs de la formation professionnelle en danse contemporaine Coline d’Istres, puis à la Beijing Modern Dance Company dans le cadre du programme de coopération Croisements piloté par l’Ambassade de France à Pékin.
A chaque reprise, Aléa connaît des adaptations aux corps et aux techniques que proposent les nouveaux danseurs.
C’est en 2009 la première fois qu’une pièce créée par le chorégraphe hors de la compagnie est intégrée à son répertoire.
avr.2005
Le hasard fait bien les choses
Un quatuor conçu dans des conditions atypiques. Dans le cadre de Talents Danse, projet initié par Faizal Zeghoudi sous l’égide de l’Adami, Kele, comme Laura Scozzi et Christine Bastin, a accepté de créer un opus de 20 minutes pour 4 danseurs lauréats ; choisis par un jury qui lui-même ignorait quels seraient les chorégraphes choisis. Les 3 quatuors réunissent donc des danseurs d’horizons différents, travaillant avec des chorégraphes qui ne les ont par conséquent pas "choisis" directement.
"Placé en face de cette énorme inconnue, on a essayé de chercher, dans un temps très réduits de 13 jours, un lieu qui soit commun, une langue commune qui peu à peu mette en résonance ces corporalités très différentes. C’était très aléatoire, d’où le titre. Il fallait aussi être certain que ce qui allait être ma pièce dans un programme soit vraiment la mienne", explique le chorégraphe.
Le résultat est plutôt probant : croisements en diagonale ou en croix, circulations tressées, puis enroulements et combinaisons qui se complexifient… Lentement, les 4 interprètes arasent puis déploient leurs personnalités propres, d’abord dans des enchâssements, des jaugeages, des jeux de séduction et de répulsion, puis dans des duels et des trios qui vont de la confrontation à la mise à l’épreuve. La musique, choisie après que le travail ait été entamé ("La aussi c’était la 1e fois", sourit le chorégraphe), signée Christian Zanési, est comme une bande originale de film, souvent touchante, vibrante même, et remplie de rires et paroles d’enfants. Comme ce Je sais pas lancinant, en parfaite adéquation avec cette proposition, à la fois fougueuse et fragile.