La pièce pour 18 danseurs puise une grande partie de sa substance dans le duo Image que Michel Kelemenis écrit en 1994. Pour la seconde fois, il se frotte à une danse de nombre et explore les voix d’une multiplication qu’il préfère dynamique plutôt que formelle.
C’est dans un terreau cérébral et sensible que naissent ces jumeaux. Ils ne sont pas à chercher parmi les danseurs : ce sont pour le chorégraphe ces cyprès qui dans les paysages du sud de l’Europe déchirent verticalement un azur sans cela irréprochable.
Jumelles, ce seraient la danse et la musique qui ne se lassent pas de s’interroger, jouant des notions de ressemblance et d’étrangeté, de miroitement, de lumière et d’étirement, chacune à leur manière, en écho l’une de l’autre.
La création musicale est commandée à Didier Puntos qui, très sensible à la musique de Debussy, signe pourtant une partition pour une formation très bartokienne de 2 pianistes et 2 percussionnistes.
24 avril 1999
En bonne compagnie
En invitant 2 chorégraphes contemporains français, Bertrand d’At a permis une nouvelle fois à ses danseurs de vivre une expérience intense dont le bonheur sur scène éclate d’évidence.
Le directeur du Ballet a joué la carte de la création totale avec Michel Kelemenis. Création chorégraphique A l’ombre des jumeaux, doublée d’une création musicale de Didier Puntos pour piano et percussions.
Derrière l’apparente légèreté de la danse de Kelemenis, ample et déliée, toujours ouverte vers le geste à venir, une trame chorégraphique plus complexe se dessine. A l’image de la partition musicale délivrée dans la fosse, selon des chemins non-mimétiques mais dont les croisements relient les intentions respectives pour aussitôt les remettre en jeu sur une voie nouvelle. Le concept de base étant le double et la démultiplication de l’unique à travers es diverses combinaisons et symétries, qui tour à tour s’additionnent ou se déduisent. Les « jumeaux » simplement figurés en fond de scène par 2 cyprès offrent leur fixité aux vagues successives qui s’organisent à leur ombre. Couple, quatuor et autres multiples développent une myriade d’instantanés qui s’enchaînent comme des cellules vivantes s’agglomèrent, se divisent dans un mouvement que l’on peut imaginer infini. Le corps dansant libère ainsi chez Kelemenis une énergie solaire , irradiante, généreuse et finalement sensuelle.