Au Japon, des dizaines de milliers d’individus se retirent du monde pour vivre dans un isolement absolu, pendant des années. On les appelle hikikomori. La réclusion se fait souvent au sein du foyer familial : les hikikomori vivent dans leur chambre, quittent leur travail ou leurs études, rompent toute relation sociale et s’immergent dans des univers fictionnels (jeux vidéos, mangas, etc), se nourrissant de plateaux repas déposés à la porte par leur famille. Mêlant cinéma et performance, Eric Minh Cuong Castaing & Anne-Sophie Turion créent les conditions d’une rencontre a priori impossible : celle du public avec ces individus qui ont fait l’expérience d’un retrait social radical. Shizuka, Mastuda et Yagi, trois hikikomori en phase de resociabilisation, investissent la scène grâce à des robots de téléprésence pilotés depuis leur chambre au Japon. Dépassant la fascination initiale qu’engendre le phénomène hikikomori, HIKU invite à entrer en contact avec leur pensée marginale, leur rapport distancié au monde, leur façon d’arrêter le temps. Iels interrogent nos choix intimes, nos vulnérabilités, nos solitudes, nos facultés à décrocher du réel. Habitée par des robots, la scène devient un espace troublant bousculant les rapports à la virtualité, au corps vivant et à la présence.