Symboliquement, quelle condition existentielle produit l’insularité ? L'impact physique du naufragé sur une île déserte et la chute dans les profondeurs de sa propre intériorité sont les points de départ de INSEL, île en allemand. Pour la première fois, le duo italien Ginevra Panzetti & Enrico Ticconi cède la scène à quatre performeureuses sous la forme de deux entités surveillées par leurs propres ombres, qui trouvent dans le monologue leur seul moyen d'expression. Elles ne contemplent pas la présence de l'autre : elles se précipitent dans l'obscurité de leur être en mettant en scène le drame de leur propre narcissisme. Des ombres se diffusent sous forme d'une majestueuse obscurité et d'une voix ancienne, profonde par le biais de vibrations sismiques bouleversantes. Liées les unes aux autres en tant qu’insulaires, comme des communautés qui s’organisent pour habiter. La lamentation se construit sous forme de gestes collectifs cadencés. Comme dans la tradition italienne, des pleureuses guident le rituel, pendant que la voix de l'île accompagne et apaise.