Le Petit Chaperon Rouge, que Sylvain Huc crée en 2011, entraîne dans les vertiges du conte ancestral. Le chorégraphe en « trifouille » les entrailles pour en danser une version trouble, charnelle et agitée, éloignée de la narration. Il se rapproche de la tradition orale d’un récit archaïque, qu’il aime imaginer subversive, délaissant l’interprétation plus mièvre qu’en ont laissé les frères Grimm. Fascinante, irréelle et politique à la fois, cette histoire séculaire est de celles qui œuvrent à susciter peur et jeu, effroi et plaisir. Pour l’artiste, l’enfance est un lieu conflictuel d’ignorance, de mépris, d’expertise et de surveillance. Elle est un nœud complexe qui mêle mutinerie et obéissance. Et, dit-il, parce qu’ils éveillent les esprits et forgent les consciences, les spectacles destinés aux enfants doivent être profondément politiques.